Les Maires au XXe siècle

Edouard Herriot

Je me souviens d’avoir assisté au passage du cortège lors des obsèques d’Edouard Herriot. Mon père avait tenu à y être et à m’emmener, comme il l’avait fait quelques mois plus tôt lors de l’inauguration par le Général De Gaulle du Monument des maquis de l’Ain au Cerdon. Dans les rues du centre de Lyon la foule m’avait impressionné. C’étaient mes premiers contacts avec la politique et l’histoire.

Les obsèques nationales du Président Edouard Herriot
Les obsèques nationales du Président Edouard Herriot

Le 30 mars 1957 ont eu lieu à Lyon les obsèques d'Édouard Herriot. Le maire défunt a droit à l'hommage de près de 100 000 Lyonnais et à des obsèques nationales auxquelles assistent le président de la République, René Coty, le Président du Sénat, le Président du Conseil, Guy Mollet, ainsi que de nombreux ministres de l'époque ou des gouvernements précédents : Édouard Daladier, Pierre Mendès France...

Édouard Herriot, né le 5 juillet 1872 à Troyes et mort le 26 mars 1957 à Saint-Genis-Laval, est un homme d'État français, membre du Parti radical et figure de la IIIe République.

Ministre au sein de nombreux gouvernements, il présida la Chambre des députés, sous la IIIe République, puis l'Assemblée nationale, sous la IVe RépubliquePrésident du Conseil des ministres à trois reprises, c'est une figure du Cartel des gauches, coalition gouvernementale et parlementaire des années 1920. D'autre part, il fut le maire de Lyon de 1905 à 1940, puis de 1945 à sa mort, en 1957.

 

En 1946, Édouard Herriot fut élu membre de l'Académie française.

Entré à l'École normale supérieure en 1891, Agrégé de lettres en 1894, Docteur ès-lettres avec une thèse principale sur Juliette Récamier.

 

Rejoint très jeune le Parti radical.

Jeune professeur agrégé, il est nommé à Nancy, puis à Lyon, où il enseigne dans une classe de rhétorique. Son premier ouvrage, Philon le Juif : essai sur l'école juive d'Alexandrie publié en 1898, est couronné par le prix Victor Cousin décerné par l'Académie des sciences morales et politiques.

Il épouse à Lyon en 1899 Blanche Rebatel (1877-1962) fille du docteur Fleury Rebatel, président du Conseil général du Rhône. Cette union lui facilite son entrée en politique.

Entré au conseil municipal de Lyon en 1904, il devient adjoint, puis maire le 3 novembre 1905, en succédant à Jean-Victor Augagneur. Il le reste jusqu'en 1957, avec une interruption sous l’Occupation. 

Il s'engage dans l'affaire Dreyfus aux côtés d'Émile Zola et Anatole France, et fonde la section lyonnaise de la Ligue des droits de l'homme. Il s'affirme comme un orateur exceptionnel.

Le 12 décembre 1916, il obtient son premier poste ministériel comme Ministre des Travaux publics, des Transports et du Ravitaillement, Marcel Sembat ayant dû quitter le gouvernement par suite de la pénurie de charbon.

En 1924, après que les élections ont donné la majorité au Cartel des gauches dont il était le principal animateur, il provoque la démission du président Alexandre Millerand qui avait pris parti pour le Bloc national pendant la campagne électorale et avait affirmé son pouvoir en intervenant dans les fonctions du président du Conseil. Il est appelé à la présidence du Conseil par le nouveau président de la République, Gaston Doumergue.

Fervent défenseur de la laïcité, il veut alors introduire les lois laïques en Alsace-Lorraine et rompre les relations diplomatiques avec le Vatican mais il est désavoué par le Conseil d'État et la résistance populaire sur le premier point et se heurte à l'opposition du Sénat et au risque de velléités indépendantistes locales sur le second.

 

Critiqué pour son laxisme en matière de finances, hésitant dans le remède à donner à la crise — il balance entre un emprunt, souhaité par la droite, et le « prélèvement » sur le capital réclamé par les socialistes — il doit démissionner. La Bourse avait connu beaucoup de fluctuations, principalement à la baisse pendant son gouvernement. Pour se redresser après son départ : Herriot critique alors « le Mur d'argent » qui a provoqué sa chute.

Il préside alors la Chambre des députés pendant un an, mais lorsque Caillaux, ministre des Finances, demande, pour résoudre la crise financière, l'autorisation de recourir à des décrets lois, il descend de la présidence pour dénoncer comme député une procédure qui bafoue la prééminence du parlement. Le cabinet Briand est immédiatement renversé par une telle offensive et Herriot est nommé président du Conseil.

Son propre gouvernement ne dure pas trois jours et il cède la place à Poincaré, signant la fin du Cartel des gauches.

 

Georges Clemenceau aura sur lui ce trait ironique : « Le Vésuve se borne souvent à fumer sa pipe comme Herriot, tout en ayant sur celui-ci l'avantage de se faire parfois oublier ».

Jules Rivet, du Canard enchaîné
Jules Rivet, du Canard enchaîné

Marqué peut-être par ces échecs, il commence à se rapprocher peu à peu de la droite. 

En tout cas il a droit aux compliments flatteurs de l’abbé Bethléem, grand pourfendeur de la pornographie, pour avoir interdit l’affichage de journaux « osés » dans les kiosques de Lyon. 

 

Une certaine presse de gauche ricane alors car la vie privée d'Herriot n'est pas tout à fait exemplaire et Le Canard enchaîné y fait allusion dans ses contrepèteries, il n'en commence pas moins à gagner la faveur des catholiques.

En juin 1932, il revient au pouvoir après des élections ayant marqué une poussée vers la gauche. En référence à ce qui se passe en Allemagne, où Adolf Hitler va prendre le pouvoir en janvier 1933, le dessinateur Sennep affuble Herriot, fumeur de pipe invétéré, du surnom de « Fühmeur »... Durant son gouvernement, qui durera à peine plus de six mois, le ministère de l’Instruction publique devient ministère de l’Éducation nationale. Herriot est devenu beaucoup plus modéré et l'on a dit que son gouvernement a été le dernier à laisser une impression de calme. Son gouvernement tombe le 14 décembre 1932 sur la question du remboursement de la dette française à l'égard des États-Unis.

 

À l'invitation de Staline, Édouard Herriot se rend en 1933 à Moscou. Ce voyage s'inscrit dans la tentative de rapprochement franco-soviétique qui débouchera sur le pacte franco-soviétique de 1935. À cette occasion, Herriot visite l'Ukraine où sévit alors une famine dramatique. Abusé par la propagande soviétique et les figurants se dressant sur son passage, Édouard Herriot ne se rend pas compte de la famine qui sévit dans le pays et déclare n'avoir vu que « des jardins potagers de kolkhozes admirablement irrigués et cultivés [...]. Lorsque l'on soutient que l'Ukraine est dévastée par la famine, permettez-moi de hausser les épaules. », dans son récit de voyage publié l'année suivante, Orient, où il fait également l'éloge de la nouvelle Turquie, républicaine et laïque.

En 1934, après les émeutes du 6 février, il entre dans le cabinet Doumergue pour lui donner une caution de gauche, mais cette tentative d'Union nationale ne dure pas.

 

Il reste cependant ministre d'État dans les cabinets Flandin et Laval. Il tente d'y exercer une influence conciliatrice, mais les difficultés auxquelles se heurte la France dépassent les capacités de son personnel politique ; en 1935, gêné par l'évolution vers la gauche du Parti radical, il démissionne de sa présidence (il est nommé président honoraire du parti — la fonction de président honoraire est créée à cette occasion) et redevient président de la Chambre des députés. Il participe à la création du Front populaire, dont les réunions se font à La Ruche de Montchat à Lyon.

Sous l'Occupation

Devant la Chambre des députés, lors du vote des 9 et 10 juillet 1940, il rend hommage au maréchal Pétain, le 9 juillet : « Autour de M. le maréchal Pétain, dans la vénération que son nom inspire à tous, notre nation s’est groupée en sa détresse. Prenons garde de ne pas troubler l'accord qui s'est établi sous son autorité. Nous aurons à nous réformer, à rendre plus austère une République que nous avions faite trop facile, mais dont les principes gardent toute leur vertu. » et après avoir défendu les députés embarqués sur le Massilia, il s'abstient volontairement, lors du vote du 10 juillet accordant les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain.

En 1942, il renvoie sa Légion d'honneur à Pétain pour protester contre son attribution à des membres de la LVF, ce qui lui vaut d’être assigné à résidence à l'hôtel des Thermes d'Évaux-les-Bains (Creuse), en compagnie de diverses personnalités, parmi lesquelles le syndicaliste Léon Jouhaux.

Sans cesse en butte aux ultras-collaborationistes, il est placé en résidence surveillée en septembre 1942, d'abord chez lui dans l'Isère ; puis, jugé inapte par les autorités allemandes à la déportation, qui l'internent dans un asile où il feint la folie, à Maréville près de Nancy.

 

En août 1944, les Alliés approchant de Paris, Laval tente une négociation avec Herriot. Après un dernier déjeuner à Matignon, avec Laval et Otto Abetz, Herriot est arrêté le 17 août 1944 et, reconduit dans un premier temps à Maréville, puis en Allemagne ou il terminera sa « déportation d'honneur » à Potsdam, libéré par l'Armée rouge. En mai 1945, « il se dédouane sans élégance » dans la presse en minimisant cet épisode.

Après 1944

Il perd quelques amitiés par son attitude modérée lors de l'Épuration mais quand les passions se calment, il fait figure de sage et il retrouve la présidence de la Chambre en 1947. Il est élu membre de l'Académie française le 5 décembre 1946, le dernier des quatorze nouveaux élus de cette année-là. Avec son élection, l'Académie est pour la première fois au complet depuis le début de la guerre, si l'on excepte deux fauteuils dont les titulaires, Philippe Pétain et Charles Maurras, ont été exclus de l'Académie et dont les fauteuils ont été déclarés vacants.

 

Concernant la question coloniale, il se prononce, lors des débats qui entourent la naissance de l'Union française, contre l'égalité des droits politiques aux populations de l'Empire. Il déclare alors: « Si nous donnions l'égalité des droits aux peuples coloniaux, nous serions la colonie de nos colonies » (27 août 1946).

En 1953, sa santé s’est altérée. Un de ses derniers actes est de prendre partie pour l'Alsace lors du Procès de Bordeaux, où sont jugés des incorporés de force qui s'étaient trouvés à Oradour. Lorsque est discuté à l'Assemblée nationale le projet d'amnistie, il s'écrie : « La patrie est une mère. Elle ne peut pas admettre que ses enfants se déchirent sur son sein ». À la fin de l'année, il ne peut présider l’élection du président de la République et il est remplacé par André Le Troquer. Ce dernier lui succède à la présidence de la Chambre des députés au début de 1954 quand le vieux maire de Lyon décide de ne plus se représenter.

Les obsèques religieuses de ce vieil anticlérical sont, dans un premier temps, annoncées par le cardinal Gerlier, mais Pierre Mendès France réussit à convaincre la veuve du président de ne pas conduire le convoi funèbre à la primatiale Saint-Jean. Le 30 mars 1957, ses funérailles nationales sont retransmises par la télévision depuis la place Bellecour, en présence du président de la République René Coty et du président du Conseil Guy Mollet. Il est embaumé puis enterré dans un vaste caveau du cimetière de Loyasse à Lyon.

 

Alain, proche des thèses du radicalisme en politique, ne cachait pas son estime pour le maire de Lyon : « Herriot était puissant par le suffrage populaire, puissant par l'éloquence, puissant par l'espoir des foules ». Mais c'est sans doute François Mauriac qui a le mieux dépeint Herriot. Il écrit en effet dans son Bloc-notes : « En vérité, Édouard Herriot était un gros homme charmant. Son charme naissait de ce contraste entre la culture, tous les dons d’une intelligence royale et la ruse, disons la finesse, politicienne».

Édouard Herriot entretenait une relation particulière avec le cardinal-archevêque de Lyon, Monseigneur Pierre-Marie Gerlier, faite d'opposition quant à leurs convictions respectives (un radical socialiste anticlérical et un cardinal de l'Église catholique romaine) mais aussi de respect et d'admiration. Une certaine amitié s'était tissée entre les deux hommes qui furent pendant de nombreuses années des figures majeures de la vie lyonnaise et qui se rencontraient régulièrement. Elle culmina lors des derniers jours d'Herriot qui virent le cardinal recevoir les confidences du député-maire concernant l'évolution de ses convictions religieuses, qui le portèrent à demander des funérailles religieuses.

 

On garde en mémoire à Lyon une inauguration de la Foire de Lyon par Édouard Herriot qui fut l'occasion d'une joute verbale avec le cardinal Gerlier. Alors que le maire de Lyon terminait de saluer les officiels comme le veut le protocole, on lui fait remarquer qu'il oubliait le cardinal. "Ho, j'ai oublié de saluer le cardinal" dit-il "mais il est ici comme chez lui, car Lyon c'est Gerlier et Gerlier c'est Lyon!" pastichant une déclaration polémique du cardinal Gerlier sur le maréchal Pétain et la France en 1940. Gardant le sourire, le cardinal remercie Édouard Herriot, lui rendant hommage pour cet événement majeur qu'est la Foire de Lyon qu'il avait fait renaître concluant alors "car comme chacun sait à Lyon, la Foire c'est Herriot et Herriot... c'est la foire...".

Justin Godart

Maire de Lyon de la Libération au retour d’Edouard Herriot, Justin Godart (1871-1956) est une figure singulière de la IIIe République.

La défense des petits, des humbles et des faibles parcourt en effet, comme un fil rouge, la vie de cet homme politique radical, député, sénateur, ministre et en constitue la trame. Tous les « petits », les ouvriers, les étrangers, les Juifs, les blessés de la guerre de 14-18, les petites nations, les peuples opprimés, laissés-pour-compte aux marges de l'histoire : Albanais, Arméniens, Juifs, Vietnamiens. Il est un des « 80 » qui ont dit non aux pleins pouvoirs au maréchal Pétain, fut résistant et a œuvré après la guerre pour inscrire dans le paysage national la mémoire du génocide des Juifs.

Le colloque consacré en 2001 à Justin Godart et cet ouvrage collectif qui en est issu et qui réunit les contributions des meilleurs historiens du XXe siècle, envisage toutes les dimensions de la pensée et de l'œuvre de Justin Godart : ses débuts lyonnais et sa « lyonnitude », les aspects nationaux de son action, concernant pour l'essentiel le travail et la santé publique, comme son implication dans les affaires du monde. Il permet de dessiner la figure d'un homme qui ne transige pas avec ses convictions, met ses actes en accord avec ses pensées. Ce Juste parmi les nations est un homme qui ne s'est jamais fourvoyé dans les nombreuses chausse-trappes que le XXe siècle a réservées au personnel politique. La vision du monde de Justin Godart fondée sur les droits de l'homme autant que sur le droit des peuples, comporte une modernité certaine.

Né en 1871 dans le quartier des Brotteaux, issu d'un milieu modeste, il est scolarisé au lycée Ampère à Lyon. Il obtient un doctorat en droit en 1899 en soutenant une thèse sur L’ouvrier en soie, et devient avocat.

Militant au Parti radical-socialiste, il commence sa carrière politique en 1904 en même temps qu’Édouard Herriot lorsqu'il est élu adjoint au maire de Lyon dans la municipalité menée par Jean-Victor Augagneur.

Député de Lyon (1906-1926), puis sénateur du Rhône (1926-1940), il se consacre aux questions sociales : à la santé, à l'hygiène et aux « diminués physiques ». Il sera président de la Commission internationale d'enquête dans les Balkans (Serbie, Bulgarie, Grèce, Turquie, Albanie) organisée par la Dotation Carnegie pour la paix internationale en 1913.

 

En 1914, il occupe la vice-présidence de la Chambre des députés. Sous-secrétaire d'État de la Guerre, il est responsable du Service de santé militaire de 1915 à 1918 et le réorganise. En décembre 1916 il demande à Gustave Roussy d'organiser un centre neurologique (ce sera au fort de Salins) afin de remettre sur pied et de renvoyer le plus rapidement possible les traumatisés de guerre (« pithiatiques », « plicaturés » et paralysés) au front. Le 14 mars 1918, à la fin de la guerre, il fonde la Ligue franco-anglo-américaine contre le cancer. Membre de la direction de la Ligue des droits de l'homme, il fonde aussi, en 1934, la Ligue internationale contre le cancer. En 1929, il crée l'hôpital Foch à Suresnes.

Il participe avec Léon Rey (archéologue français) à une campagne archéologique de premier ordre dès la fin de la première guerre mondiale en Albanie. Ces fouilles vont mettre à jour la grande cité d'Appolonia ; une découverte majeure dans l'histoire de l'archéologie moderne.

Il est à l'origine d'une législation internationale et participe à l'Organisation internationale du travail et du Bureau international du travail. Il est ministre du Travail et de l'Hygiène en 1924-1925 et ministre de la Santé en 1932. Il fonde le 4 août 1924, l’Office national d’hygiène sociale, organisme public financé initialement par la fondation Rockefeller et destiné à lutter contre la tuberculose.

Devant la montée du nazisme, il défend la communauté juive, s'occupe de l'Œuvre de secours aux enfants (OSE), de l'accueil des immigrés, et plaide sans relâche pour la défense de leurs droits.

 

En 1940, il fait partie des 80 parlementaires qui disent non au maréchal Pétain.

Grand résistant, il est à la tête du Comité du Front National clandestin pour la libération de la Zone Sud, abrite des Juifs, et cache dans le jardin de sa maison de Pommiers (Rhône) l'argent servant aux actions de sauvetage des Juifs. Il diffuse un journal clandestin, Le Patriote Beaujolais. 

 

Il est proche du rabbin David Feuerwerker, Grand-Rabbin de Lyon, à la Libération.

Maire de Lyon de la Libération jusqu'au retour d'Édouard Herriot (1944-1945), il est président de l'Entraide française (1945-1947), président de la Conférence internationale du travail (San Francisco, 1948) et s'occupe à nouveau des migrants. Il préside notamment le Comité d'aide et de défense des immigrés et diverses autres œuvres sociales 

Justin Godart s'est impliqué pour la cause des Albanais, des Bulgares, des Arméniens, des Indochinois puis des Vietnamiens : il crée pour eux l'association « France-Vietnam » en 1946 pour aider Ho Chi Minh dans sa lutte pour l'indépendance.

En 2004, la médaille de Juste parmi les nations lui est remise à titre posthume.

Lyon et "lyonnaiseries"

 

Justin Godart est un défenseur et un constructeur de l’identité lyonnaise. Son amour de Lyon s’exprime par son goût pour les « lyonnaiseries » historiques et ethnographiques. Il laisse en tant qu'historien lyonnais une bibliographie importante.

 

Le 21 novembre 1920, sous le pseudonyme de Catherin Bugnard, il crée l'Académie des Pierres Plantées afin de défendre les traditions lyonnaises et le parler lyonnais.

 

C'est également sous ce nom qu'il publie La Plaisante Sagesse lyonnaise, célèbre recueil de maximes et réflexions morales lyonnaises. Grand collectionneur de marionnettes, il fut également le président fondateur de l'association Les amis de Guignol, devenue par la suite Amis de Lyon et Guignol.

Louis Pradel

Louis Pradel, né le 5 décembre 1906 à Lyon et mort le 27 novembre 1976 à Lyon, est un homme politique, maire de Lyon de 1957 à 1976.

Ancien membre du réseau de résistance "Le Coq Enchaîné", il est expert en assurances automobiles.

Louis Pradel succède à Édouard Herriot, dont il était l'adjoint aux sports et aux beaux-arts, le 14 avril 1957.

Alors qu'Herriot était un centriste de gauche, membre du Parti radical-socialiste, Louis Pradel était un non-inscrit, proche du centre droit.

Il a été choisi à titre transitoire par un conseil municipal divisé. Les plus fortes personnalités du Conseil municipal pensaient pouvoir se débarrasser aisément de lui le moment venu.

Son élection comme maire de Lyon est confirmée par les électeurs lors des municipales de 1959. Les élections suivantes, en 1965, s'annoncent nettement plus difficiles. Le pouvoir gaulliste a changé le mode de scrutin et instauré un vote par listes bloquées dans chaque arrondissement de la ville. L'UNR/UDT qui a remporté une forte majorité des suffrages lyonnais lors des élections législatives précédentes (1962) compte bien en profiter pour marginaliser Louis Pradel et porter à la mairie centrale son leader, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Maurice Herzog.

Pour faire front, Louis Pradel crée son propre parti, le P.R.A.D.E.L. : « Pour la Réalisation Active Des Espérances Lyonnaises », et investit, sous cette étiquette, une liste dans chacun des arrondissements. Il parvient ainsi à créer autour de son nom une dynamique électorale municipale, apolitique et… lyonnaise, qui lui fait remporter, dès le premier tour, la totalité des arrondissements.

 

Dès lors, la majorité municipale de Louis Pradel ne sera plus contestée que par une Gauche, nettement minoritaire. Évitant soigneusement toute prise de position tranchée sur les questions de politique nationale, Louis Pradel s'engagera publiquement à refuser tout mandat parlementaire ou ministériel - et s'y tiendra. Cette conduite fut appréciée, comparée à celle d'Édouard Herriot, qui s'était trop longtemps occupé de sa ville "chaque lundi". Son positionnement personnel le confirme au centre-droit, avec une coloration légèrement anti-gaulliste, qu'atteste sa majorité municipale qui va des indépendants-paysans aux figures notables de la franc-maçonnerie et du radicalisme, en passant par le soutien discret apporté au retour en politique, en 1973, de l'ex-OAS, Jacques Soustelle, et qui, encore en exil, retrouve à Lyon un siège de député.

Omniprésent dans sa ville, sur les chantiers, dans la rue, dans les écoles, apparaissant lui-même dans toutes les manifestations et événements de la vie locale, "Loulou Pradel" - que les Lyonnais appelèrent plus tard "Zizi" - jouira longtemps d'une popularité locale exceptionnelle que le principal quotidien local, Le Progrès de Lyon, entretiendra complaisamment.

 

Attaché à sa ville, proche de ses services techniques, très tenace, Louis Pradel a consacré l'essentiel de ses trois mandats à moderniser la ville, dont de nombreux travaux d'urbanisme avait été suspendus en 1938, à tirer parti de sa démilitarisation, et à y faciliter la circulation automobile, politique qu'il infléchira les dernières années.

Son goût pour les grands travaux lui ont valu le surnom de Zizi béton.

Atteint d'un cancer, il meurt en novembre 1976. Son successeur est Francisque Collomb.

L'inaction d'Édouard Herriot pendant les dernières années avait laissé les finances de la ville prospères, que Louis Pradel sut exploiter auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations, ce qui lui permit de nombreuses réalisations :

le développement du tout-à-l'égout et assainissement des vieux quartiers ;

en tant que Président des Hospices Civils de Lyon, les Hôpitaux de Neurologie et de Cardiologie, l'installation à Lyon du Centre international de recherche sur le cancer, une vingtaine de maisons de retraite ;

un Palais des Congrès jouxtant la nouvelle roseraie du Parc de la Tête d'Or ; 

le quartier de la Duchère, d'abord peuplé de nombreux Pieds-Noirs; en 1967 ;

la traversée du centre de Lyon par l'autoroute Paris-Marseille, grâce au tunnel de Fourvière et au centre d'échange multimodal de Perrache, surnommé le plat de nouilles, en raison des nombreux tunnels (autoroute, métro, bus) qui s'y croisent - c'est aujourd'hui sa réalisation la plus contestée - ;

le quartier de La Part-Dieu, sur les 35 ha d'une ancienne caserne de cavalerie, quartier destiné à attirer des centres de décision, incluant un centre commercial, un Auditorium de 2000 places et la nouvelle Bibliothèque municipale de Lyon, quartier dont la conception fut confiée à Charles Delfante ; 

en matière de transports collectifs, le maintien des trolleybus, et le développement du métro de Lyon, mené à partir de 1963 par une société d'économie mixte spécialement créée, la Sémaly, malgré la mauvaise volonté de l'État ; après les travaux de la ligne A, la rue de la République et la rue Victor-Hugo ne furent pas rendues à la circulation automobile, pour devenir les premières rues piétonnes de Lyon.

Francisque Collomb

Francisque Collomb, né dans l'Ain en 1910 et mort en 2009, est un homme politique, de centre-droit, qui a été maire de Lyon de 1976 à 1989.


Il naît à Saint-Rambert-en-Bugey, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Lyon, dernier d'une famille nombreuse et pauvre. Dans les années 1920, il suit ses études au collège Lamartine à Belley. À 17 ans, il part pour Lyon où il va exercer divers petits boulots. Il rachète une petite entreprise, Chimicolor.

Aux élections municipales de 1959, il est élu conseiller puis devient en 1965 adjoint au maire du 6e arrondissement de Lyon. En 1968, il est élu sénateur et siège à la Communauté urbaine de Lyon qui vient d'être créée. En 1971, il est nommé adjoint aux affaires économiques à la mairie de Lyon. En 1976, suite au décès de Louis Pradel, il est élu maire de Lyon par le conseil municipal. Il gagne les élections municipales en 1977 et va rester maire de Lyon pendant treize ans. Il poursuit la politique de Louis Pradel.

 

En 1979, il devient député européen mais ne se représente pas en 1984. En 1983, il se rallie aux Comités d'action républicaine (CAR) de Bruno Mégret. Il est battu aux élections municipales de 1989 par Michel Noir.  En 1995, après trois mandats consécutifs depuis 1968, il ne se représente pas aux élections sénatoriales.

Michel Noir

Michel Noir, né le 19 mai 1944 à Lyon, est un homme politique qui a été maire de Lyon. Condamné dans l'affaire Pierre Botton, il doit abandonner la politique et rejoint le monde des affaires en créant une startup d'informatique.

Il est le fils d'un joaillier sertisseur et de Rose Dreyer. Entre 1968 et 1972, Michel Noir est un chef de produit puis le directeur commercial d'une filiale aluminium du groupe Brossette Péchiney. Entre 1972 et 1978, il devient consultant indépendant en marketing et relations humaines.

Il est élu conseiller municipal en 1977. Il devient secrétaire de la Communauté urbaine (COURLY). En 1978, il est député RPR du Rhône. Réélu en 1981, 1986, 1988 et 1993, il démissionne en 1995. En 1979, il est aussi secrétaire national du RPR.

En mars 1983 : il tente de ravir la mairie de Lyon au candidat sortant, Francisque Collomb (UDF). Il échoue de peu tout en ayant remporté deux mairies d'arrondissement. La même année, il devient vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes et vice-président de la COURLY. Et entre 1983 et 1989, il est adjoint au maire, chargé des affaires économiques.

 

Entre 1986 et 1988, Michel Noir est nommé ministre du Commerce extérieur du gouvernement de Jacques Chirac.

En mars 1989, il affronte de nouveau le maire de Lyon, Francisque Collomb, dans une primaire opposant l'UDF et le RPR. La victoire de Michel Noir est totale, il remporte les neuf mairies d'arrondissement. Entre 1989 et 1995, il est maire de Lyon et président de la COURLY.

En 1990, il quitte le RPR et crée le mouvement « Force unie » avec onze autres « rénovateurs », dont Philippe Séguin, Étienne Pinte, François Léotard, Alain Carignon, Michel Barnier et Michèle Barzach. Michel Noir entraîne deux autres députés dans sa démission spectaculaire, avec pour objectif de provoquer des élections partielles. Si Jean-Michel Dubernard et lui sont réélus à Lyon, Michèle Barzach perd l'élection législative partielle.

Fin de carrière politique

En mars 1993, Michel Noir est mis en examen par le juge Philippe Courroye.

 

En 1996 : il doit quitter la vie politique après sa condamnation en appel, le 10 janvier 1996, à 18 mois de prison avec sursis et 5 ans d'inéligibilité pour recel d’abus de biens sociaux dans l'affaire Pierre Botton, son ex-gendre et directeur de campagne.

Raymond Barre

La carrière de Raymond Barre n'a fait que se terminer à Lyon. J'ai donc choisi de reproduire le récit fait par le Journal télévisé régional de FR3 du bilan que Raymond Barre a présenté de ses six années à la tête de la Mairie de Lyon.

Moins d'une semaine avant le premier tour des élections municipales de mars 2001 auxquelles il ne se représente pas, le maire de Lyon, Raymond Barre, se livre pour la télévision régionale à un bilan de son mandat. Est-ce pour évoquer les tensions qui règnent que la musique d'Ennio Morricone, composée pour un western spaghetti accompagne ce bilan ?

Quoi qu'il en soit, Raymond Barre, élu maire de Lyon en 1995, alors que le maire sortant, Michel Noir, en pleins démêlés avec la justice, ne s'est pas représenté, annonce dès le début de son mandat qu'il n'en exercera qu'un. Alors âgé de 71 ans, l'ancien Premier ministre de Valery Giscard D'Estaing a déjà une longue carrière derrière lui dont le dernier épisode, sa candidature à la présidence de la République en 1988 l'a laissé meurtri. Il conserve cependant de nombreuses relations internationales, développées lorsqu'il était actif à la Commission Européenne. Le bilan est présenté sous forme cinématographique, chaque proposition de l'ancien professeur d'économie étant suivi d'un reportage qui illustre son propos.

Sont d'abord évoquées les transformations du quartier industriel de Vaise dont la désindustrialisation a transformé les capacités de développement. De nombreuses entreprises ont fermé au cours des décennies précédentes – ne citons que la Rhodiacéta – et la gare d'eau qui fut longtemps un port actif pour les matériaux de construction accueille des bâtiments en forme de péniches pour rappeler le passé. Dans ces nouveaux immeubles s'installe Infogrames Entertainment SA, société française née à Lyon et spécialisée dans l'édition et la distribution de jeux vidéo. La micro-informatique et ses dérivés devraient devenir les substituts des anciennes activités industrielles.

Sont ensuite affirmés les choix en faveur de Gerland où les activités de biochimie sous l'influence de l'Institut Mérieux s'étaient établies de longue date. On voit d'ailleurs le laboratoire P4 Jean Mérieux, du nom du frère aîné d'Alain Mérieux décédé en 1994 dans un accident de la route. La firme Mérieux s'était installée pendant la Seconde Guerre mondiale à proximité des abattoirs de Gerland pour fabriquer du sérum de bovidés. La volonté de transformer le quartier en boulevard scientifique et universitaire se traduit également par l'arrivée de l'ENS Lettres et Sciences Humaines (pendant le mandat) après celle de l'ENS Sciences (avant le mandat de Raymond Barre).

En avril 1996, le nouveau maire souhaite, grâce au contournement complet de Lyon, pouvoir raser Perrache (c'est-à-dire le grand échangeur parking édifié à la fin du mandat de Louis Pradel). Les difficultés ont été fortes et l'objectif n'est pas atteint. Le reportage évoque plus rapidement la construction du tramway et les soucis de rigueur budgétaire qui restent attachés à l'image de celui que Valéry Giscard d'Estaing appelait le « meilleur économiste de France ». Sont également rappelés les projets culturels comme la transformation de la caserne des subsistances ou le classement d'une partie de la ville au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le fait que le maire ne soit pas candidat à sa succession donne à ce reportage une certaine liberté de ton qui est rare, surtout en période électorale, où la télévision travaille sous le regard du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui veille à l'égalité des candidats.

Jean-Luc Pinol

Gérard Collomb

Gérard Collomb est le fils d'un ouvrier-métallurgiste et d'une femme de ménage, originaires de la région lyonnaise. Après une khâgne au lycée du Parc, puis des études supérieures à l'université, à Lyon, Gérard Collomb devient professeur agrégé de lettres classiques en 1970. Il enseigne dans plusieurs lycées de la région, notamment au lycée Jean-Perrin, dans le 9e arrondissement de Lyon et plusieurs années au lycée René-Cassin de Tarare. Dès la fin des années 1960, il participe à la refondation du Parti socialiste dans le Rhône. 

Gérard Collomb, campagne électorale de 1981
Gérard Collomb, campagne électorale de 1981

Il entre au conseil municipal de Lyon en 1977, puis est élu député en 1981, à l'âge de trente-quatre ans.

1983
1983

Il devient secrétaire national du Parti socialiste en 1986.

 

Leader de l'opposition au sein du conseil municipal de Lyon, c'est lui qui mène l'opposition à Michel Noir quand celui-ci est élu maire en 1989.

Gérard Collomb participe à la création de la Fondation Jean-Jaurès, dont il devient secrétaire général dès sa création en 1992.

Il sera aussi membre du Conseil économique et social et conseiller régional de la région Rhône-Alpes (de 1992 à 1999). 

Il ne cache pas son appartenance, depuis 1989, au Grand Orient de France.

Maire de Lyon et président du Grand Lyon

Initiateur de la gauche plurielle, sa liste remporte trois arrondissements aux élections municipales de 1995. Élu maire du 9e arrondissement, il intègre l'exécutif du Grand Lyon présidé par Raymond Barre. Sénateur en 2000, il remporte les élections municipales de 2001 contre Charles Millon et Jean-Michel Dubernard et devient maire le 25 mars et président du Grand Lyon. 

Au cours de son mandat, sont mis en place les Vélo'v et l'aménagement des nouvelles berges du Rhône.

En 2004, il est réélu sénateur du Rhône. 

 

Pragmatique, prônant une social-démocratie réformiste, Gérard Collomb a été au sein du Parti socialiste dans la mouvance de Dominique Strauss-Kahn avant de soutenir Ségolène Royal lors de la campagne de l'élection présidentielle de 2007.

Le 9 mars 2008, il est réélu maire de Lyon dès le premier tour en gagnant 6 arrondissements et en laissant à son adversaire UMP Dominique Perben, ancien ministre, tout juste 30 % des voix.

Candidat putatif à la primaire socialiste de 2011, il a publié un essai politique "Et si la France s'éveillait…". Finalement non-candidat, il soutient dans un premier temps Dominique Strauss-Kahn, puis apporte son soutien à la candidature de François Hollande en vue de l'élection présidentielle de 2012, et fait partie de son équipe de campagne.

 

En dépit d'un contexte national particulièrement difficile, Gérard Collomb est réélu Maire de Lyon le 30 mars 2014 avec près de 16 points d'avance sur son adversaire UMP Michel Havard, battu dans son propre arrondissement. C'est à ce titre la plus large victoire d'un candidat socialiste dans les grandes villes de France pour cette édition 2014.

Le 16 avril 2014, il est largement réélu Président du Grand Lyon et de la future Métropole de Lyon dès le premier tour, avec 92 voix, contre 58 pour son adversaire UMP François-Noël Buffet.

En 2014, il est également réélu au Sénat.

Principaux mandats politiques :

Député du Rhône (1981-1988)

Conseiller municipal de Lyon (1977), maire du 9e arrondissement (1995), maire de Lyon (2001, réélu en 2008 puis en 2014)

Membre du Conseil économique et social (1989-1994)

Conseiller régional de Rhône-Alpes (1992-1999)

Vice-président puis président (2001) de la Communauté urbaine du Grand Lyon

Sénateur du Rhône, élu le 2 novembre 1999, réélu le 26 septembre 2004 puis le 28 septembre 2014.

 

Gérard Collomb assume le cumul de ses mandats, et s'oppose au projet de restrictions supplémentaires du cumul des mandats mais s'abstient de voter au Sénat.