J'ai sans doute assisté, enfant, à des spectacles de marionnettes. Mes premiers souvenirs de théâtre, souvenirs très vagues, sont associés à des spectacles classiques, comédies de Molière sans doute, présenté en matinée au Théâtre des Célestins pour des scolaires.
Le théâtre des Célestins est un théâtre lyonnais. C'est l'un des seuls théâtres en France, avec la Comédie-Française et le théâtre de l'Odéon, à fêter plus de 200 ans d'art dramatique.
Son nom vient du couvent de célestins qui occupait l'emplacement de 1407 à 1789.
C'est aujourd'hui un théâtre municipal. Il programme un répertoire contemporain et classique et du théâtre de création.
Le couvent d'origine
Le couvent des Célestins de Lyon fut fondé en 1407 sur les bords de la Saône. À cet emplacement, les religieux édifièrent un couvent et une église, qu'ils utilisèrent jusqu'en 1779.
1792 : le début du théâtre aux Célestins
La Société des Célestins, puis Compagnie des Célestins, créée définitivement en 1789, avait pour objet « l'établissement d'un jardin au centre des terrains des ci-devant Célestins, la construction de 17 maisons environnant ce jardin, la distribution et réparation du bâtiment claustral qui formerait 7 maisons particulières dans l'une desquelles serait construite une salle de spectacle ».
Un premier théâtre, appelé théâtre des Variétés, est inauguré le 9 avril 1792.
En 1871, un incendie détruit entièrement l'édifice, devenu d'ailleurs vétuste et trop petit.
1877 : Le théâtre à l'italienne
Le bâtiment actuel est l'œuvre de Gaspard André, suite à un concours organisé en 1873. Le théâtre est inauguré le 1er août 1877, mais brûle dans la nuit du 25 au 26 mai 1880. Gaspard André est choisi pour reconstruire le Théâtre des Célestins.
Une rénovation majeure a été réalisée dans les années 2002 à 2005. En entreprenant la rénovation du théâtre des célestins pour des questions évidentes de sécurité, la ville de Lyon a aussi eu l’ambition de privilégier l’accueil et le confort du public, d’ouvrir plus largement ce lieu en le rendant accessible à tous et d'offrir aux professionnels des conditions de travail optimales.
Des acteurs célèbres y ont joué comme Sarah Bernhardt ou Jean Marais. Napoléon y a été spectateur.
Pendant les 35 années de la direction Charles Moncharmont, le théâtre des Célestins a accueilli les plus grands noms de la scène : Cécile Sorel, Jules Berry, Ludmilla et Georges Pitoeff, Louis Jouvet, Charles Dullin, Elvire Popesco, Sacha Guitry, Madeleine Renaud, Pierre Dux, Jean Weber, Fernandel..., sans omettre les gloires du music-hall : Joséphine Baker, Mistinguett, Maurice Chevalier. Charles Gantillon qui lui succède en 1941, accroît encore le prestige du théâtre avec sa passion dévorante pour le théâtre et son esprit novateur. Grâce à lui, le public découvre Jean Cocteau, Eugène Ionesco, Armand Gatti, Samuel Beckett, Bertolt Brecht. Il donne leur première chance à Jorge Lavelli, Patrice Chéreau, Edmond Tamiz et Marcel Maréchal. Le 26 janvier 1968, Albert Husson et Jean Meyer sont nommés ensemble à la direction du Théâtre. En 1978, à la mort d'Albert Husson, Jean Meyer dirige seul les Célestins. Jean-Paul Lucet, qui jouait avec la comédienne fétiche de Meyer, Claude Jade (son actrice préférée dans cinq pièces entre 1975 et 1984 au Théâtre des Célestins), dans Britannicus en 1980, lui succède en 1985. Claudia Stavisky dirige les Célestins depuis 2000, rejointe à la codirection par Patrick Penot en 2002 puis par Marc Lesage en 2014.
Dans les années 50-60, la scène lyonnaise va être réveillée d'abord par Roger Planchon.
Ses parents ayant quitté l'aride monde rural de l'Ardèche en quête de travail, Roger Planchon naît à Saint-Chamond en 1931. Sa mère est femme de chambre et son père plongeur dans un hôtel avant
d'acquérir un bistrot à Lyon. Le jeune garçon partage son enfance entre les quartiers populaires de la ville et la ferme du grand-père à Borée, sur les hauts-plateaux ardéchois. Pendant la
guerre, il se charge de faire passer les messages des maquisards ce qui lui vaut de recevoir la Croix de guerre à l'âge de treize ans. À la fin de l'école primaire, il est inscrit dans un
établissement des Frères des écoles chrétiennes où il est pensionnaire. Grâce à l'attention bienveillante d'un enseignant il découvre l'art, la poésie et surtout le cinéma, sa première
passion.
Après le collège, son père l'oriente vers le métier de cuisinier, mais son destin est déjà tracé : employé de banque le jour, il hante la nuit les caves existentialistes lyonnaises de
l'après-guerre où l'on écoute du jazz et de la poésie. Nourri de la littérature qu'il dévore en autodidacte, il fait ses débuts en disant des poèmes de Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, René
Char, Jules Laforgue, Henri Michaux, dans une cave de la presqu'île, rue Bellecordière. De poésie en théâtre, il lit les ouvrages sur les nouvelles théories, les revues littéraires qui consacrent
leurs articles à des auteurs inconnus en France, voit les spectacles de Jean Vilar à Paris et au festival d'Avignon, les programmations novatrices de Charles Gantillon au Théâtre des Célestins.
Il suit les cours d'art dramatique de Suzette Guillaud où il rencontre les premiers compagnons de la grande traversée : Alain Mottet, Claude Lochy (le futur compositeur de la musique de ses
spectacles), Robert Gilbert (son futur administrateur). Avec ses amis et Isabelle Sadoyan qui les a rejoints, il monte ses premiers spectacles, donnés dans les salles paroissiales comme celle du
Quai Saint-Antoine sur les bords de Saône : La Mort joyeuse, arlequinade de Nicolaï Evreinov et Les Chemins clos, pièce de Claude Lochy en 1949 ; Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare
en 1950. Le 22 mai 1950, les jeunes comédiens se déclarent en compagnie constituée, encore amateur, la Compagnie Que Vlo-ve, du nom de l'une des nouvelles de L'Hérésiarque de Guillaume
Apollinaire et présentent, en juin 1950, Bottines, collets montés, parade burlesque 1900, d’après Georges Courteline et Eugène Labiche, au concours du théâtre universitaire et amateur de Mâcon
dont ils remportent le premier prix.
En 1952, il crée le Théâtre de la Comédie de Lyon. Il sera le premier théâtre de province à jouer tous les soirs. À la suite d'un déficit du Théâtre de la comédie, Planchon fait appel au tutorat
pour le faire survivre. La mairie de Lyon lui donne une subvention de 10 millions de francs pour relancer la troupe du théâtre de la Comédie.
En 1957, il se voit confier le Théâtre de la Cité ouvrière de Villeurbanne. Il obtient pour ses acteurs le statut de troupe permanente en 1959 et raccourcit le nom du lieu en Théâtre de la Cité
en 1960.
Le Théâtre national populaire
En 1972, le ministre de la culture, Jacques Duhamel, offre au Théâtre de la Cité le label de Théâtre national populaire. Planchon en prend la direction, qu’il partage avec Robert Gilbert et Patrice Chéreau, puis avec Georges Lavaudant. Christian Schiaretti lui succède en 2002.
Il a consacré sa vie à la décentralisation théâtrale, mais également cinématographique. En 1990, il fonde Rhône-Alpes Cinéma et ouvre en 2002 un studio de cinéma de 902 m² transformable en un
Théâtre Studio de 700 places, le Studio 24, situé à Villeurbanne.
Il a aussi codirigé, aux côtés de Robert Gilbert, les cinémas CNP fondés en 1968, avant de revendre les trois salles, malgré les protestations des salariés, à Galeshka Moravioff en 1998. Les
trois cinémas sont maintenus en activité pendant encore dix ans. Trois mois après la disparition de Roger Planchon, en septembre 2009, l'Odéon est fermé et l'avenir des deux autres salles
incertain.
Marcel Maréchal, né en 1937 à Lyon, est un acteur, metteur en scène et écrivain.
Depuis 1958, il a dirigé successivement :
le Théâtre du Cothurne à Lyon (qu'il fonde en 1958),
le Théâtre du Huitième à Lyon (qu'il inaugure en mai 1968),
puis il quitte Lyon et il dirige :
le Théâtre du Gymnase à Marseille (à partir de 1975),
le Théâtre national de Marseille - Théâtre La Criée (qu'il fonde en 1981),
le Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées à Paris (à partir de 1995 qu'il restaure pour obtenir la salle actuelle).
De 2001 à 2011, il dirige les Tréteaux de France, Centre dramatique national itinérant, fondé par Jean Danet et crée le Festival Théâtral de Figeac.
Au théâtre du Cothurne, Marcel Maréchal fait débuter, entre autres, Pierre Arditi, Catherine Arditi, Marcel Bozonnet, Maurice Bénichou, Jean-Marie Verselle, Jacques Angéniol, Giselle Valère, José Gagnol ou Bernard Ballet...
Il s'y consacre principalement à créer des œuvres de dramaturges contemporains tels que Jacques Audiberti, Jean Vauthier et Louis Guilloux, trois auteurs auxquels il reste toujours attaché.
Puis dans son théâtre du Huitième, il est le premier à accueillir en France des jeunes artistes comme Mick Jagger, les Who ou les Pink Floyd...
Il est invité plusieurs fois dans la cour d'honneur du festival d'Avignon et s'invite dans le Off, tout en continuant à mettre en scène alternativement pièces classiques et répertoire contemporain.
J'avais rencontré Marcel Maréchal en 1959. J'étais en sixième au collège Chaponnay. Maréchal était surveillant, (le Théâtre du Cothurne ne pouvait pas le nourrir), pion il devait porter une cravate. Lorsque j'ai pénétré dans la salle des pions pour une démarche que j'ai complètement oubliée, il se mouchait dans sa cravate. Le collégien encore timide fut littéralement sidéré par ce geste de clown.
Plus tard, vers 1970, Marcel Maréchal m'a offert de venir chaque soir de représentation au Théâtre du 8e pour installer une table dans le hall et vendre des livres plus ou moins en rapport avec les spectacles. C'était un complément d'activité intéressant pour la petite librairie que j'animais.
Les portes du théâtre m'étaient ouvertes et j'ai pu assister à nombre de répétitions et voir des spectacles se mettre en place...
Le 17 juin 1980 ouvre à Lyon la
première Maison de la Danse en France. C’est l’aboutissement d’un pari un peu fou lancé dès 1977 par cinq chorégraphes lyonnais, Claude Decaillot, Michel Hallet Eghayan, Lucien Mars, Hugo
Verrechia et Marie Zighera, tous unis pour défendre la danse. Des protagonistes qui revendiquent alors ce qui n’existait pas:
un lieu à part entière dédié à cet art. La Ville de Lyon s’intéressent au projet et concèdent une ancienne salle des fêtes dans le quartier de la Croix-Rousse. La direction artistique est alors
confiée à Guy Darmet.
Le succès de la première saison dépasse les prévisions les plus optimistes. Aujourd'hui encore, elle est un lieu unique en son genre en Europe. En 1984, Guy Darmet crée également la Biennale de
la Danse. Le festival se développe ensuite, il s’impose rapidement comme l’un des plus importants festivals de danse au monde.
L’un des grands moments du développement de la Maison est le
passage du Théâtre de la Croix-Rousse au Théâtre du 8e en septembre 1992. Elle trouve là une scène et une salle de 1100 places à sa mesure.
Depuis cette installation, la Maison de la Danse met à la disposition des compagnies invitées un espace de répétition ou de résidence d’une superficie de 300 m², le studio Jorge Donn.
La Maison de la Danse maintient depuis plus de 30 ans le cap d’une
maison vouée à toutes les danses, toutes les formes et toutes les techniques. Elle propose chaque saison une programmation où se croisent et se confrontent les danses et les esthétiques les
plus diverses. La programmation invite les chorégraphes majeurs du XXe siècle, les jeunes créateurs contemporains, elle fait cohabiter création et répertoire, elle développe l'intérêt des enfants
et adolescents, le public de demain. La Maison de la Danse présente chaque saison entre 30 et 40 compagnies pour environ 200 représentations.
Elle accueille environ 150 000 spectateurs chaque saison.
Depuis son ouverture, la Maison de la Danse s’intéresse à la vidéo en entreprenant un travail
de captation de tous les spectacles. En 1990, la Maison de la Danse lance une vidéothèque dédiée à la danse et consultable par le grand public, la première du genre en France. Ce fonds,
constamment enrichi par de nouvelles acquisitions et par la production de nouvelles archives, compte à ce jour plus d’un millier de références. Lieu de diffusion, de création, mais aussi de
mémoire, la Maison de la Danse est devenue une référence en termes de transmission de la danse par l’image. Consciente des enjeux de demain et des possibilités d’avenir offertes par les nouvelles
technologies, la Maison de la Danse va plus loin aujourd’hui avec numeridanse.tv, une vidéothèque internationale de danse en ligne qui permet l’accès aux archives de la Maison de la Danse, mais aussi l’accès
aux archives des partenaires qui ont rejoint numeridanse.tv.
En juillet 2011, Dominique Hervieu succède à Guy Darmet à la Direction générale de la Maison de la danse et à la Direction artistique de la Biennale de la danse à Lyon.
Le prochain développement de la Maison de la Danse, et le plus ambitieux, se concrétisera en 2018 avec le projet d’un nouveau théâtre dans le quartier de la Confluence à Lyon, en totale mutation.
L’opéra de Lyon, dit parfois l’opéra Nouvel, est une salle d’opéra située près de l'hôtel de ville, et abritant une salle de représentations affectée principalement à l'opéra national de Lyon qui y fait représenter des opéras, ballets et concerts. Il est le lieu de résidence du Ballet de l'Opéra de Lyon.
Autrefois, à l’emplacement actuel de l’opéra de Lyon se dressait le théâtre réalisé par l’architecte Jacques-Germain
Soufflot.
Inauguré le 30 août 1756, il est détruit en 1826 par un incendie et reconstruit en 1831 par Antoine-Marie
Chenavard et Jean-Marie
Pollet.
En 1986 un concours est organisé, l’heureux élu de cette compétition devait au départ le remettre aux normes. Jean Nouvel et Emmanuel Blamont, remportent le concours ; les premiers travaux débutent en 1989 et terminent en 1993 où l’opéra Nouvel est inauguré. L’architecte n’a gardé de l’ancien théâtre Chenavard et Pollet que les quatre façades et le foyer du public. D'un volume de 77 100 m3 et d'une surface de 14 800 m², l'opéra se compose de 18 étages dont les 5 premiers sont creusés dans le sol et les 5 derniers se situent dans la verrière dont le sommet se trouve à 42 m du sol, plus 20 m de sous-sols.
L'extérieur du bâtiment fut initialement très critiqué, notamment à cause de la verrière au sommet du bâtiment (occupée principalement par des studios de danse). Il fait désormais partie du
paysage urbain et semble bien accepté par les Lyonnais. L'intérieur du bâtiment est souvent jugé comme souffrant de graves défauts.
Le statut d'opéra national en région a été obtenu en 1996. Son directeur général est Serge Dorny ; 350 personnes environ y travaillent, se répartissant entre les chœurs, l'orchestre, la maîtrise, la compagnie de ballet, l'administration et la technique.
L’opéra dispose d'un plateau de scène de 670 m² (niveau +3); les équipements mobiles de la cage de scène (100 porteuses, treuils
ponctuels) sont motorisés et reliés à un ordinateur assurant la programmation des « effets ». Située à l'aplomb du plateau, la salle de répétition (niveau -5)
de 450 m², équipée de cintres, permet la préparation des spectacles parallèlement aux représentations, ainsi que
des enregistrements audio et vidéo. Le chœur dispose d'un studio de répétition occupant pour des raisons acoustiques une double hauteur, et d'un studio modulable. L'espace réservé à la compagnie
de ballet, en particulier les deux studios de 480 m² et 155 m², bénéficie du développement maximum de la verrière et d'un exceptionnel panorama sur la ville.
L'orchestre
Fondé en 1983 pour être consacré exclusivement à la musique d'opéra et de ballet, il se distingue par cette spécificité de l'Orchestre national de Lyon, qui, lui, est dédié au répertoire symphonique. Lyon est la seule ville française à partager avec Paris le privilège de posséder plus d'un orchestre symphonique.
À sa création, la direction musicale de l'orchestre (comme de l'Opéra national) est confiée à John Eliot Gardiner qui reste à sa tête jusqu'en 1988. Se succèdent ensuite Kent Nagano (1988-1998), Louis Langrée (1998-2000), Iván Fischer (2000-2003). Après cinq années passées sans chef titulaire, c'est le Japonais Kazushi Ōno qui est le chef principal de l'orchestre depuis septembre 2008.
Récent mais très actif, l'orchestre possède une riche discographie (plus d'une soixantaine d'enregistrements sonores et vidéos).
L’orchestre, souvent invité à l'étranger (Edimbourg, Ravenne, San Francisco, Londres, Vienne, Tokyo, Pesaro) et aux festivals français, a reçu en 1999 la Victoire de la musique de la meilleure
formation lyrique ou symphonique.
Le ballet de l'Opéra de Lyon est la compagnie de danse attachée à l'opéra national de Lyon. Son répertoire est uniquement orienté vers la promotion et la création de la danse moderne et de la danse contemporaine.
Héritier de la troupe chargée d'assurer les divertissements dans les œuvres lyriques au sein de l'Opéra de Lyon dès la fin du XVIIe siècle, le ballet de l'Opéra de Lyon prend son autonomie en 1969, sous l'impulsion du directeur Louis Erlo. En 1984, la direction artistique est confiée à Françoise Adret, qui le rebaptise en Lyon Opéra Ballet et fait venir des chorégraphes contemporains en résidence. Sous la direction de Yorgos Loukos (1991), la chorégraphe résidente est Maguy Marin (1991-1994).