Guignol

Comme beaucoup d’enfants lyonnais j’ai assisté à des spectacles de marionnettes au Parc de la Tête d’or.

Les enfants crient quand ils voient arriver un danger, ils rient quand Guignol donne des coups de bâton au gendarme, et puis tout rentre dans l’ordre.

 

C’est grâce à Paul Fournel que j’ai appris que Guignol n’avais pas toujours été une « guignolade » insipide au spectacle de laquelle les parents s’obligent à assister avec leurs bambins.

Pourtant rue Saint-Georges, Jean Clerc et Jean-Guy Mourguet s’employaient à faire vivre la tradition du Guignol  pour adultes, irrévérencieux, contestataire même. Je ne le savais pas.

 

 

Paul Fournel avait fait sa thèse de 3e cycle sur le « Guignol lyonnais classique ».  Il a revu son travail pour en faire un livre que nous avons publié et qui fut un vrai succès.

 

 

Paul Fournel raconte l'histoire de Mourguet et de ses successeurs, analyse les contenus, la langue, donne à lire les textes de ce qui constitue un répertoire, et fait découvrir les rapports de police.

Avec lui j’ai appris l’histoire de Laurent Mourguet, canut misérable qui se reconverti, le succès des cafés, « crèches », « caveaux », « théâtres à la Guignol » qui proposent des spectacles de marionnettes au XIXe siècle, et la surveillance exercée par la police, la réglementation et même les interdictions qui seront prononcées du fait du contenu social et politique des spectacles.

Guignol a servi d’étendard à toute une série d’activités du théâtre de marionnettes à des journaux, les uns cultivant la « conservation des traditions

lyonnaises » et les autres la dérision à propos de l’actualité et de la vie politique locale.


Jean-Guy Mourguet et sa marionnette. (Photo CCVL)
Jean-Guy Mourguet et sa marionnette. (Photo CCVL)

Jean-Guy Mourguet, le dernier descendant de Guignol, est décédé en 2012, à l'âge de 82 ans.

Né en 1929, il descend en ligne directe de Laurent Mourguet qui, voilà plus de deux cents ans, eut l’idée étrange de créer une marionnette à son image. Pendant cinquante ans, Jean-Guy Mourguet a maintenu au plus haut la tradition du guignol lyonnais. De l’avis de tous, il était un excellent marionnettiste et un excellent guignol.

  

Dans les années 50, avec son complice Jean Clerc, il officia longtemps au "Petit Bouif", une ancienne cordonnerie du vieux Lyon. A l’âge de 54 ans, il prend en main le théâtre municipal du Guignol de Lyon.

Il avait légué ses plus belles marionnettes au musée de son village à Brindas (Rhône), qui a ouvert en 2008. Bien avant le Bébête show ou les Guignols de Canal, il avait redonné à Guignol son rôle contestataire, parce que, «dire du mal des puissants c’est un réflexe».

(Dominique Poiret, Libération du 11 octobre 2012)

Quoi qu’on en pense, les Guignols de l’info sont bien dans la tradition du Guignol lyonnais.