Arlette a été arrêtée avec ses parents le 20 juin 1944.
Elle était née le 8 octobre 1939.
Photo d'Arlette à
Eymoutiers en juillet 1942
Lors de leur arrestation et avant le transfert vers Drancy, les adultes étaient emprisonnés et torturés à Montluc. Les enfants étaient séparés de leurs parents.
Le CDJC (Centre de Documentation Juive Contemporaine-Mémorial de la Shoah) détient un document (dossier n° CMXXV-22) qui donne des informations :
Rapport non daté et non signé établi semble-t-il juste après la Libération :
« Au cours de notre travail de recherche, nous avons recueilli plusieurs témoignages concernant l’activité pendant la période d’occupation, des personnes dont les noms suivent :
Madame Irène Cahen, 187 rue des Culatres, chez sa mère Mme Weill,
Monsieur Elbrauner
Monsieur Georges Walstroff, 107 cours Lafayette,
Monsieur Zoutovsky, 9 rue de l’Hôtel de ville (UGIF)
Les renseignements que nous avons pu avoir concernent surtout Mme Cahen, et celui qui au dire de tous semble avoir été son chef, Elbrauner….
En quoi consistait leur travail ?
Après enquête,… nous pouvons le résumer comme suit :
Lorsqu’une famille israélite était arrêtée par la Gestapo, les parents étaient conduits à Montluc et les enfants du premier âge à 14 ans, étaient confiés à Madame Cahen. Celle-ci les amenait à l’hôpital de l’Antiquaille où la Gestapo avait créé un service spécial.
Elle a ainsi amené tous les enfants dont les noms se trouvent sur la liste ci-jointe, liste qui nous a été communiquée par Monsieur l’Économe Chef de l’Antiquaille.
Au cours de leur séjour à l’Antiquaille, Mme Cahen visitait ces enfants journellement, ou presque. Elle leur apportait vêtements, jouets, gâteries, ce qui ne l’empêchait pas, le moment venu, de les livrer à la déportation.
En effet, le jour du départ des convois, par exemple 15 juin, 1er juillet, 22 juillet, 11 août, Mme Cahen venait généralement accompagnée de deux soldats allemands, le matin en voiture. Elle reprenait ces enfants, qui à l’Antiquaille avaient pu croire qu’un sort meilleur leur était réservé, et les menait elle-même à la gare. Là on remettait ces enfants à leurs parents qui eux venaient de Montluc ou Saint-Paul. Les trains partaient vers Drancy d’abord (excepté le train du 11 août parti directement en Allemagne) et ensuite vers une destination inconnue. Nous savons tous ce que cela veut dire………… »
Suit une liste de 4 pages sur cahier d’écolier, signée par Madame Irène Cahen avec l’inscription suivante : « je reconnais que ce cahier a été écrit de ma main et contient tous les noms des enfants dont j’ai eu à m’occuper » et 75 noms d’enfants du 4 février 44 au 17 août 44, parmi lesquels figure Arlette Flacsu. Il semble toutefois que Madame Cahen aurait gardé Arlette avec elle durant ces quelques jours et ne l’ait pas amenée à l’Antiquaille.
Ensuite Arlette a été détenue avec ses parents à Drancy d'où elle est partie à Auschwitz par le convoi 77. Elle a été assassinée à Auschwitz le 4 août 1944. Elle n'avait pas encore 5 ans.
Jusqu'en 1994 je n'avais jamais vu de photo d'Arlette, ma sœur. Puis Serge Klarsfeld a publié le Mémorial des enfants juifs déportés de France.
Evidemment il n'y a rien de nouveau concernant la disparition de ma petite sœur.
Par contre ces lignes ont été lues par des personnes qui se sont senties concernées et qui m'ont fait part de leurs propres recherches.
D'abord Claire J. m'a expliqué que son arrière-grand-père était le Directeur de l'hôpital de l'Antiquaille et qu'il avait participé à la dissimulation des six enfants qui sont portés "disparus" dans la liste de Madame Cahen. Il aurait été soupçonné par la Gestapo et arrêté (le 27 juin 1944), emprisonné à Montluc puis libéré.
Cette personne espère trouver des informations auprès de sa grand-mère, la fille de ce monsieur, et dans les notes qu'il avait rédigées...
Puis quelques jours plus tard, Raphaël L. m'a contacté, m'indiquant que Madame Cahen, son arrière-grand-mère, venait de mourir à l'âge de 108 ans (le 20 novembre dernier). Madame Cahen était la fille de Monsieur Weill, responsable de la communauté juive de Lyon pendant la guerre (UGIF). Monsieur Cahen, le mari d'Irène avait lui aussi un rôle au sein de l'UGIF.
Son arrière petit fils espérait en apprendre plus en vidant la maison de son arrière-grand-mère disparue....